BB - Bonjour Anne-Sophie, pourrais-tu te présenter en quelques mots ?
Anne-Sophie : Je m’appelle Anne-Sophie, je suis guide conférencière depuis 2018.
Pourquoi es-tu devenue guide conférencière ?
Je suis à la base traductrice et je servais d’interprète sur des sites de la Première Guerre mondiale pour des Britanniques. Petit à petit, j’ai fait des visites guidées pour des officiels. J’ai découvert une passion pour le guidage.
J’ai repris mes études et j’ai suivi la licence professionnelle de guide conférencière.
Qu’est-ce qui te plaît dans le métier de guide et dans la rencontre avec le public ?
Ce qui me plaît, ce sont les échanges qu’on peut avoir avec le public. Ils peuvent être surprenants.
Et aussi le partage de connaissances : on peut mettre des heures à dénicher une information ou une anecdote, on la restitue aux visiteurs et on voit parfois l’étonnement sur leurs visages.
Les journées ne se ressemblent jamais. Dans une même journée je peux faire visiter un château fort puis un site minier. Et même en travaillant sur un même site, le public n’étant pas le même, je ne fais jamais deux fois la même visite.
Quelle période de l’histoire ou quel style architectural te plaît plus qu’un autre ?
Ayant commencé sur les sites de la Première Guerre mondiale, c’est un sujet qui me tient à cœur.
Et également tout ce qui est lié au patrimoine minier. Je suis originaire du Bassin minier et j’ai grandi avec de nombreux objets liés à la mine.
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On met parfois des heures à dénicher une information, on la restitue aux visiteurs et on voit l’étonnement sur leur visage.
As-tu un coup de cœur sur le territoire ?
Mon site préféré est le cimetière Saint-Mary à Haisnes. En travaillant en tant qu’interprète, j’ai appris comment fonctionnait un cimetière militaire.
Même si cela s’est passé il y a plus de cent ans, il ne faut pas l’oublier, parce que ces personnes se sont sacrifiées à l’époque. C’est important de continuer à s’en souvenir.
Les Britanniques sont très attachés à ce devoir de mémoire et se déplacent souvent pour voir un arrière-arrière-grand-parent. C’est important aussi de faire comprendre au public français la symbolique de ce cimetière.
J’habite le village juste à côté. Ce cimetière, je le connais depuis que je suis enfant et je ne savais pas qu’il y avait des souterrains dans le village. Il s’est passé quelque chose quand on est venu me chercher pour faire l’interprète. Au départ, j’étais bénévole et mon implication est devenue de plus en plus grande, et elle est encore très présente.
Aujourd’hui, dans le village, je m’investis pour faire changer les mentalités quand des corps de soldats remontent à la surface. Elles évoluent car maintenant, des fermiers m’appellent le dimanche pour me prévenir. C’est particulier et en même temps, c’est une fierté car ces corps sont enfin enterrés dignement.
J’aime aussi guider au château de Créminil, à la fosse 6 à Haillicourt et au beffroi de Béthune.
As-tu une passion ?
Sans hésitation : Moka mon golden retriever ! M'en occuper, la promener, je marche beaucoup avec elle, je révise même mes visites en la promenant sur les terrils.
Un dernier mot ?
Être guide conférencière est un deuxième métier pour moi. Je n’ai pas suivi d’études en histoire de l’art. J’ai parfois une façon particulière d’expliquer les choses : j’ai des livres pour enfants qui permettent d’aborder des points précis, que j’utilise même avec les adultes. Attention, je ne prends pas les visiteurs pour plus bêtes qu’ils ne sont. Et j’ai un retour très positif : ils me disent « Votre façon d’expliquer est géniale, on comprend tout ». Cela permet aussi d’aller au-devant de questions qu’ils n’oseraient pas poser.
J’ai appris sur le terrain, en lisant énormément, en suivant les autres guides.
Tout ce qui m’interroge, je veux savoir ce que c’est, même si ça peut paraître être un détail. Je me dis que si je me pose la question, on va me la poser en visite.